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A Madagascar, Andry Rajoelina frôle la majorité absolue à l’Assemblée nationale sur fond de contestations

Selon des résultats provisoires, la coalition présidentielle obtient 80 sièges sur 163. Mais une centaine de requêtes émanant de l’opposition ont été déposées auprès de la Haute Cour constitutionnelle.

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Publié le 12 juin 2024 à 12h38

Temps de Lecture 3 min.

Le président de Madagascar, Andry Rajoelina, lors du Sommet mondial des gouvernements à Dubaï, le 13 février 2024.

Il s’en est fallu de deux sièges pour qu’Andry Rajoelina puisse se prévaloir de la majorité absolue à l’Assemblée nationale de Madagascar à l’issue du scrutin législatif du 29 mai. Loin toutefois du raz-de-marée orange – la couleur de son parti – qu’il avait prédit. Selon les résultats provisoires publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), mardi 11 juin, la coalition présidentielle Irmar (Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina) obtient 80 sièges sur 163.

La principale plate-forme de l’opposition Firaisankina – formée autour des deux anciens présidents de la République, Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina et de l’ex-judoka Siteny Randrianasoloniaiko – est créditée de 24 sièges, tandis que le Kolektifan’ny Malagasy, qui avait choisi de prendre ses distances paie cher sa volonté d’indépendance. Seul Roland Ratsiraka, député sortant de Tamatave est reconduit. Les partis d’opposition n’ont été en mesure de présenter des candidats que dans un peu plus de la moitié des circonscriptions.

Comme dans la précédente mandature, les candidats indépendants se taillent une place centrale dans le futur hémicycle avec 52 élus auprès desquels le président réélu pour un deuxième mandat en novembre 2023 pourra trouver une force d’appoint pour mener sans entraves sa politique. Le taux de participation a atteint 48 % contre 43 % en 2019.

Ce tableau ne préjuge pas cependant de l’issue qui sera donnée par la Haute Cour constitutionnelle (HCC) à la centaine de requêtes déposées par les candidats de l’opposition et quelques-uns de la majorité pour obtenir l’annulation des résultats dans de nombreuses circonscriptions. La campagne électorale comme le vote ont été entachés de multiples irrégularités que les observateurs indépendants ont eux-mêmes relevées.

« Les urnes ont été bourrées »

L’observatoire citoyen Safidy, financé par l’Union européenne, a ainsi formulé quatre requêtes auprès de la HCC, dont l’annulation du scrutin dans les trente-deux villes où Andry Rajoelina s’est déplacé pour donner meeting et demandé à la population de voter pour le candidat qui le soutiendrait. « Le code électoral interdit d’user des prérogatives de la puissance publique ou de mobiliser les agents de l’Etat pour faire campagne », rappelle la porte-parole de Safidy, Stella Razanamahefa.

Les observateurs qui étaient présents dans les 120 districts ont également constaté des discordances entre les résultats issus du dépouillement et ceux déclarés par les Sections de recensement des matériels de vote (SRMV) auprès de la CENI. Dans chaque district, ces cellules sont chargées de vérifier les procès-verbaux dressés dans les bureaux de vote et de saisir les résultats dans une base informatique dont sont issus les résultats provisoires de l’élection. En cas de plainte d’un candidat, les SRMV ont pour mandat d’examiner le contentieux. Or, « de nombreux candidats ont essuyé un refus et on leur a demandé de se déplacer à Antananarivo ce qui était très difficile pour la plupart d’entre eux », poursuit Mme Razanamahefa.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Madagascar : Andry Rajoelina réélu et déjà contesté

Des observateurs ont par ailleurs fait l’objet de pressions et pour certains ont été victimes de violences physiques. Mais en l’absence de loi sur la protection des témoins, Safidy admet qu’ils ne porteront pas plainte par peur des représailles. Dans le sud de l’île, la députée indépendante Marie-Jeanne d’Arc Masy Goulamaly est assignée à résidence depuis le 7 juin pour avoir dénoncé des irrégularités. Amnesty International a condamné cette arrestation arbitraire et demandé sa libération.

Parmi les surprises de ce scrutin, la défaite de l’ancienne présidente de l’Assemblée nationale, Christine Razanamahasoa – qui se présentait en indépendante – est certainement la plus inattendue. L’ex-fidèle du chef de l’Etat, brutalement déchue de ses fonctions en novembre pour avoir dénoncé la dérive autoritaire du régime, semblait assurée d’une confortable victoire dans son fief d’Ambatofinandrahana sur les Hautes Terres. « Des fraudes dans les communes rurales les plus difficiles d’accès ont été organisées : les listes électorales ont été changées, les urnes ont été bourrées avec des bulletins précochés et, dans certains endroits, le vote a eu lieu sous la menace des forces de l’ordre », affirme-t-elle.

D’autres personnalités en rupture avec le camp présidentiel ont également été éliminées, comme le chanteur Rossy, élu à Antananarivo ou Jean-Brunelle Razafitsiandraofa, député d’Ikongo et vice-président de l’Assemblée nationale.

La HCC doit se prononcer sur les saisies qui lui ont été adressées d’ici au 26 juin, jour où Madagascar célébrera le 64anniversaire de son Indépendance. Lors de l’élection présidentielle de novembre 2023, l’opposition, qui avait boycotté le scrutin pour dénoncer « une consultation jouée d’avance », a été déboutée de tous ses recours.

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