Le Canadien et ses 30 ans sans Coupe Stanley : l’analyse de deux problèmes chroniques

MONTREAL, CANADA - JUNE 7: Patrick Roy #33 of the Montreal Canadiens celebrates with the Stanley Cup after the Canadiens won Game 5 of the 1993 Stanley Cup Final over the Los Angeles Kings at the Montreal Forum on June 7, 1993 in Montreal, Quebec, Canada. (Photo by Denis Brodeur/NHLI via Getty Images)
By Marc Antoine Godin et Arpon Basu
Jun 9, 2023

Il y a cinq ans, plusieurs joueurs qui avaient contribué à ramener à Montréal la Coupe Stanley en 1993 s’étaient réunis dans un étrange party pour célébrer le 25e anniversaire d’un événement grisant et hautement imprévisible.

Le 9 juin 2023 marque le 30e anniversaire de ce triomphe et cette fois-ci, il n’y a pas de commémoration. Ce qui pèse davantage, c’est le poids des cinq années qui ont passé et le fait que le Canadien n’est toujours pas parvenu à mettre fin à la disette.

Advertisement

Le Canada en entier fait grand état du fait que la Coupe n’est pas revenue depuis 30 ans, et nous laisserons à d’autres le soin de débattre des raisons pour lesquelles cela ne s’est pas produit à la grandeur du pays. Préoccupons-nous seulement du Canadien et de ce qui l’a empêché d’ajouter une 25e Coupe Stanley à son palmarès.

Bien sûr que le Canadien a procédé à de mauvais échanges. Patrick Roy. Mark Recchi en arrivant, Mark Recchi en partant. Stéphane Richer et Darcy Tucker pour Patrick Poulin et Igor Ulanov. Scott Gomez contre Ryan McDonagh. Drouin-Sergachev. Rien de cela n’a aidé, mais toutes les équipes font des mauvais échanges. Et puis, Alex Kovalev contre Jozef Balej, ou encore Phillip Danault obtenu pour quelques semaines de Thomas Fleischmann et Dale Weise, ont aidé à contrebalancer ces erreurs.

À nos yeux, deux éléments des 30 dernières années sont ressortis de façon plus spécifique à propos du Canadien, et c’est sur eux que nous avons décidé de nous pencher. On parle ici de l’incapacité de l’organisation à maintenir une ligne de centre compétitive, et du bilan médiocre en matière de repêchage.

Sans plus tarder, plongeons dans 30 ans d’eau tiède.

Mi-cuit au centre

L’expression anglaise dit “win the middle, win the game”. Si vous avez une meilleure ligne de centre que vos adversaires, vous risquez de l’emporter. Or, en matière de construction d’équipe, la principale faute du Canadien dans les 30 dernières années aura été de ne pas se doter d’une ligne de centre solide. C’est quelque chose après quoi il a constamment couru.

Quand il a remporté la Coupe Stanley, en 1993, le Tricolore ne comptait pas sur une ligne de centre remplie de joueurs vedettes, mais la présence d’un centre offensif qui jouait du hockey inspiré à ce moment précis (Stephan Lebeau), d’un des meilleurs centres défensifs de la LNH (Guy Carbonneau) et d’un joueur capable de remplir autant le rôle de Lebeau que celui de Carbo (Kirk Muller) avait donné la flexibilité nécessaire à l’entraîneur-chef Jacques Demers pour adapter ses confrontations et veiller à ce que les trois zones de la glace soient bien traitées.

Advertisement

C’est Réjean Houle qui a hérité de la meilleure ligne de centre qu’ait connu le Tricolore en 30 ans. À l’ouverture du Centre Molson, en mars 1996, ses trois premiers centres étaient Pierre Turgeon (obtenu en retour de Muller), Vincent Damphousse (qui avait gagné la Coupe en 1993 dans un rôle d’ailier) ainsi que Saku Koivu, fraîchement débarqué dans la LNH après avoir été repêché en 1993. Le spécialiste Marc Bureau complétait cette ligne de centre qui aurait pu faire des dommages pendant des années.

Même si l’échange de Roy est celui qui a fait le plus reculer le Tricolore, le départ de Turgeon, qui a été échangé aux Blues de St-Louis en compagnie de Craig Conroy et Rory Fitzpatrick en retour de Shayne Corson et Murray Baron, a également porté un dur coup à la façon dont l’équipe était construite.

Les insuccès de l’équipe dans les années suivante ont mené le CH à une conclusion logique, celle de se défaire de Damphousse quand son contrat s’apprêtait à finir. C’était inéluctable.

Vers la fin des années ’90, Koivu a fait entrer le Tricolore dans une longue période marquée par un mauvais casting, celle où l’on a demandé à un joueur qui n’était pas un premier centre de haut niveau d’assumer des responsabilités excessives.

Ce fut vrai avec Koivu, mais ce le fut encore davantage avec Tomas Plekanec après lui.

« Je jouais le rôle de centre numéro un – ou les minutes d’un centre numéro un – et j’essayais d’arrêter les meilleurs joueurs de l’autre côté, mais il y avait quand même des attentes par rapport à ma production, s’est souvenu Plekanec. Et c’est peut-être là où il nous a manqué un centre plus offensif sur qui les autres équipes se seraient concentrées un peu plus et qui leur aurait compliqué les choses. Mais on n’a pas vraiment eu ce joueur-là au fil des ans. »

Avoir des joueurs de centre de premier plan n’est pas une obligation absolue pour remporter la Coupe Stanley, mais les équipes qui n’en avaient pas et qui ont gagné formaient l’exception. En moyenne, les centres les plus productifs d’un gagnant de la Coupe Stanley ont amassé 1,03 point par match depuis 1994.

Voici, à titre comparatif, les meilleures saisons qu’ont connu à Montréal les principaux centres du Canadien depuis la Coupe de 1993 :

Meilleure saison des centres à Montréal
JoueurPointsPts/PJSaison
96
1.2
1995-96
94
1.18
1995-96
75
0.93
2006-07
70
0.85
2009-10
66
0.8
2022-23
65
0.8
2003-04
60
0.74
2011-12
59
0.76
2009-10
56
0.68
2015-16
53
0.65
2018-19
53
0.65
2018-19
41
0.59
2001-02
40
0.55
2005-06
38
0.66
2022-23
38
0.56
1999-00
36
0.51
2001-02
34
0.43
2018-19
33
0.58
2000-01
33
0.59
2021-22
30
0.65
2012-13

« Pour moi, un premier centre est dans le top-20, top-30 des marqueurs de la ligue, a dit Damphousse. Tu as des joueurs qui ont été des excellents centres, mais si je compare au top, c’est sûr qu’il n’y en a pas eu depuis longtemps dans l’uniforme du Canadien. C’est la réalité. Ils le savent, ils ont essayé plusieurs fois et ça n’a pas fonctionné. »

Advertisement

Parmi ces essais infructueux, Damphousse a évoqué Gomez, dont l’acquisition a été un échec et dont le salaire élevé a vite posé problème par rapport au plafond salarial.

Et bien sûr, a-t-il ajouté, il y a eu les coups d’épée dans l’eau qu’ont constitué le repêchage d’Alex Galchenyuk et Jesperi Kotkaniemi, deux joueurs qui avaient été sélectionnés au troisième rang de leur repêchage respectif et qui, pour toutes sortes de raisons, n’ont pas été la solution espérée au centre.

Plekanec, lui, a rappelé les efforts du Canadien de faire l’acquisition de Vincent Lecavalier en 2009, ajoutant qu’il a toujours été difficile d’attirer les joueurs de premier plan à Montréal, que ce soit en raison des impôts, du climat ou d’autres facteurs. Mais à ses yeux, les démarches avortées entourant Lecavalier révélaient autre chose.

« Je pense que ce qui a manqué à Montréal au fil des ans, c’est probablement d’avoir plus de joueurs Canadiens-français, a mentionné Plekanec. De toute évidence, ils ne voulaient pas jouer à Montréal. Je pense que c’est ce qui nous a manqué un peu. (…) Je n’ai pas de raison particulière pour expliquer ça, mais j’avais le sentiment qu’un plus grand nombre de joueurs canadiens-français nous aurait aidé à avoir plus de succès.

« Si tu regardes la dernière Coupe Stanley, évidemment il n’y avait pas beaucoup d’Européens à l’époque, mais toutes les Coupes Stanley à Montréal ont été construites autour des Canadiens français. (…) Ce qui m’a surpris, c’est que personne parmi ces gars-là ne voulait jouer jouer là-bas. Je trouve ça intéressant parce qu’en ce qui me concerne, j’aurais toujours voulu jouer à la maison. »

Selon l’ancien attaquant tchèque, il y a quand même eu des moments où la ligne de centre était compétitive. À ses yeux, Koivu était un centre de premier trio, et à l’époque où il était appuyé par Mike Ribeiro sur le deuxième trio, l’attaque du Canadien avait des dents. Il pense également à 2010 et à la première saison de Gomez à Montréal, l’année du fameux « printemps Halak ». Plekanec était alors dans un rôle de deuxième centre qui lui seyait mieux. C’est intéressant de noter que 2009-10 est également la saison où il a atteint des sommets personnels en termes de points.

Cet équilibre n’a évidemment pas duré.

Advertisement

Il est effarant de constater à quel point, au-delà de Koivu et Plekanec, le roulement parmi les joueurs de centre a été incessant au cours des 30 dernières années. Si l’on prend quelques instantanés de la ligne de centre au fil des ans, on peut voir à quel point la recherche de solutions et le rapiéçage a été constant.

La ligne de centre du CH depuis 1993
SaisonLigne de centre
1992-93
Kirk Muller - Stephan Lebeau - Guy Carbonneau - Jesse Bélanger
1995-96
Pierre Turgeon - Vincent Damphousse - Saku Koivu - Marc Bureau
2000-01
Saku Koivu - Trevor Linden - Sergei Zholtok - Craig Darby
2005-06
Saku Koivu - Mike Ribeiro - Radek Bonk - Steve Bégin
2009-10
Scott Gomez - Tomas Plekanec - Dominic Moore - Glen Metropolit (Tom Pyatt)
2013-14
David Desharnais - Tomas Plekanec - Lars Eller - Ryan White
2017-18
Jonathan Drouin - Tomas Plekanec - Phillip Danault - Jacob de la Rose
2020-21
Phillip Danault - Nick Suzuki - Jesperi Kotkaniemi - Eric Staal (Jake Evans)
2022-23
Nick Suzuki - Kirby Dach - Christian Dvorak - Jake Evans

« Si tu n’as pas de centre qui va te permettre de produire régulièrement un point par match minimum, tu ne peux pas te comparer aux meilleurs, a déploré Damphousse. Ça t’en prend un qui va t’en donner 90, et il y en a même qui font 100 points. Et ce n’est pas juste produire. Maintenant tu as besoin de tout faire, tu as besoin d’être bon partout parce que tu joues des minutes importantes. Si tu es une lacune défensivement, si tu ne sais pas où tu t’en vas dans ta zone, ou que tu n’es pas capable d’aider tes défenseurs, ce n’est pas bon. Tu ne peux pas juste produire, il faut que tu sois bon partout. »

Le dernier effort de l’ancien DG Marc Bergevin de solutionner le problème pour de bon a été la timide offre hostile déposée à Sebastian Aho, des Hurricanes de la Caroline, une décision qui s’est retournée contre le Canadien par la suite. Néanmoins, l’improbable présence du Canadien en finale, en 2021, laissait miroiter une ligne de centre qui aurait pu être la plus forte depuis longtemps avec Philip Danault, Nick Suzuki et Kotkaniemi. Or, la débâcle des négociations avec Danault et l’offre hostile à Kotkaniemi ont fait voler en éclats ce qui aurait pu constituer une base solide.

Aujourd’hui, l’équipe peut compter sur les services à long terme de Suzuki, dont le rendement sur la glace évoque quelque peu celui de Koivu, et les progrès de Kirby Dach – dont le potentiel pourrait aller au-delà de celui de Suzuki – laisse espérer que des jours meilleurs attendent la ligne de centre de l’équipe. Mais au final, ce n’est pas un hasard si les amateurs rêvent d’une véritable vedette offensive depuis si longtemps.

« On ne peut pas aller plus vite que le système et il faut que rebâtisses par le repêchage, et il faut que tu réussisses à garder tes joueurs de qualité et tes bonnes personnes en place et signées à long terme, a observé Damphousse. Les bases sont de plus en plus solides avec les Canadiens avec Suzuki, qui pour moi n’est pas encore un top, mais il s’en approche. Il cogne à la porte d’être dans le top-20, top-30 des marqueurs de la ligue. »

Le Canadien au moment de repêcher Jesperi Kotkaniemi en 2018. (Jerome Miron/USA Today)

Des décennies de déception au repêchage

Un peu plus de deux semaines après avoir remporté la Coupe Stanley, le 26 juin 1993, le Canadien et le reste de la LNH étaient à Québec lorsque l’équipe a fait l’un des choix les plus astucieux de l’histoire de la concession. Avec le 21e choix, le directeur général Serge Savard a sélectionné un centre finlandais de petite taille, doté d’un talent digne du top-10 et d’un cœur top-5 et qui allait devenir le capitaine de l’équipe pendant un tiers de la période sans Coupe Stanley qu’il vit présentement, Saku Koivu.

Savard a profité d’une inefficacité du marché pour tirer la plus grande valeur possible de ce choix. Koivu a terminé troisième de la cuvée 1993 pour le nombre de points en carrière. Si le Canadien avait continué à agir de la sorte à la table de repêchage, nous ne serions probablement pas en train de souligner trois décennies de médiocrité pour la concession.

Advertisement

Or, ça n’a pas été le cas.

Ce choix a plutôt donné le coup d’envoi à trois décennies d’échecs au repêchage, de manque d’imagination et, en partie parce que le Tricolore a passé la majeure partie de ces trois décennies dans l’entre-deux improductif de la LNH, un accès trop rare à la portion du repêchage où se bâtissent généralement les champions de la Coupe Stanley.

Alors que le Canadien se prépare pour le repêchage de cette année, qui aura lieu à Nashville le 28 juin et pour lequel il détient le cinquième choix au total, ce sera la première fois depuis 1971 et 1972 qu’il choisit parmi les cinq premiers deux années de suite, soit depuis qu’il avait sélectionné Guy Lafleur au tout premier rang en 1971 et Steve Shutt au quatrième rang l’année suivante. Le CH a également repêché Larry Robinson au 20e rang en 1971 et Bob Gainey au huitième échelon en 1973, ajoutant ainsi quatre membres du Temple de la renommée en l’espace de trois séances de repêchage et jetant les bases de leur domination pour le reste de la décennie.

Le fait de disposer d’une succession de choix au repêchage marquants pendant deux ou trois ans de suite s’est avéré être une formule gagnante pour plusieurs équipes, et c’est quelque chose que le Canadien n’a tout simplement pas réussi à faire au cours des trois dernières décennies. Il a ajouté un gardien de but en 2005, Carey Price, et trois éléments fondamentaux en 2007, Ryan McDonagh, Max Pacioretty et P.K. Subban. Entre-temps, il a repêché David Fischer au premier tour en 2006 et les cinq joueurs qu’il a sélectionné en 2008 n’ont pas joué un seul match dans la LNH.

Le choix de Fischer est souvent considéré comme l’exemple type de l’échec du Canadien à la table de repêchage étant donné que Claude Giroux, qui jouait dans sa cour avec les Olympiques de Gatineau, était encore disponible. Les Rangers de New York avaient également une chance d’obtenir Giroux au 21e rang, mais ils ont plutôt opté pour le défenseur Bob Sanguinetti, qui n’a joué que 45 matchs dans la LNH.

Plutôt que de choisir à notre convenance des échecs au repêchage sur une période de 30 ans, nous avons tenté d’adopter une vision plus globale. Nous avons comparé la performance du Canadien au repêchage de 1993 à 2004 à celle des deux derniers vainqueurs de la Coupe Stanley de l’époque qui a précédé le plafond salarial, puis avons comparé son rendement entre 2005 à 2018 par rapport aux deux plus récents vainqueurs de la Coupe Stanley à l’ère du plafond salarial. L’évaluation du succès au repêchage peut se faire de différentes façons, mais nous avons décidé d’opter pour les matchs joués comme unité de mesure. Ce n’est pas nécessairement le facteur le plus important – la qualité de ces matchs et l’impact des joueurs sont bien plus importants – mais il fournit une base de référence pour la capacité d’une équipe à identifier des talents de la LNH.

Avant le plafond salarial: 1993-2004

Les deux derniers champions à l’ère des dépenses illimitées ont été les Devils du New Jersey de 2003 et le Lightning de Tampa Bay de 2004, deux équipes qui ont été construites de manière très différente. Il s’agissait de la troisième Coupe des Devils en huit ans et deux morceaux essentiels de ces équipes avaient été repêchés juste avant 1993, soit Martin Brodeur (20e en 1991) et Scott Niedermayer (3e en 1992). Mais les Devils ont tout de même ajouté des éléments essentiels à leur équipe de 2003 au cours de cette période, malgré le fait qu’ils aient repêché tardivement. On pense notamment à Patrik Elias (n° 51 en 1994), Scott Gomez (n° 27 en 1998) et Brian Gionta (n° 82 en 1998). Le Lightning, quant à lui, a choisi très tôt pendant la majeure partie de cette période en tant qu’équipe d’expansion, et il n’a pas particulièrement bien repêché. Mais il a néanmoins visé juste en 1998 avec Vincent Lecavalier (n° 1) et Brad Richards (n° 64).

Performance au repêchage, 1993-2004
New JerseyTampa BayMontréal
Moyenne matchs LNH en 1ère ronde
481.6
659.2
429.5
Moyenne matchs joués avec l'équipe en 1ère ronde
263.1
262.5
176.7
Rang moyen de repêchage
21.4
8.2
15
Choix top-5
0
5
0
Succès après la première ronde
11
13
14

Par « succès », on entend le fait d’avoir joué 500 matchs dans la LNH. Les Devils étaient manifestement bons à ce niveau-là, mais le Canadien l’était aussi. Le problème pour le Tricolore à l’époque était de garder ces joueurs. Les 11 succès que les Devils ont sélectionné à l’extérieur du premier tour ont joué en moyenne 822,9 matchs dans la LNH, ce qui n’est pas très différent de la moyenne de 807,1 matchs des 14 joueurs du Canadien. Sauf que ces joueurs ont joué en moyenne 400,9 matchs pour les Devils, alors que les 14 joueurs du Canadien ont joué en moyenne 287,6 matchs. Stéphane Robidas, par exemple, s’est révélé un excellent choix au 164e rang en 1995. Il a joué 937 matchs en carrière dans la LNH, mais seulement 122 d’entre eux ont été joués dans l’uniforme du Canadien. Il en va de même pour François Beauchemin, choisi en 1998 (75e), qui a joué 903 matchs en carrière, mais un seul avec le Canadien avant d’être perdu au ballottage.

Advertisement

Dans le tableau ci-dessus, malgré des positions de repêchage très différentes, les Devils et le Lightning sont pratiquement à égalité pour ce qui est de la moyenne de matchs joués pour leur équipe, soit environ 260, tandis que le Canadien est loin derrière, avec 176,7. Au cours de cette période, l’identification des talents au moment du repêchage semble avoir été moins problématique que l’identification des talents au sein de sa propre organisation.

Depuis le plafond salarial: 2005-2018

Avant le plafond salarial, une équipe pouvait masquer ses déficiences à la table de repêchage par des dépenses sur le marché des joueurs autonomes. Les échanges de joueurs de haut niveau étaient beaucoup plus fréquents et les vedettes étaient beaucoup plus souvent disponibles. L’entrée en scène du plafond salarial a mis l’accent sur l’importance du repêchage et de l’acquisition de talents au sommet du tableau.

Les deux derniers champions de la Coupe Stanley, l’Avalanche du Colorado et le Lightning, sont des exemples parfaits de cette importance, mais aussi de l’importance de maintenir ensemble leurs meilleurs talents.

Performance au repêchage, 2005-2018
Tampa BayColoradoMontréal
Moyenne matchs LNH en 1ère ronde
417.9
418.6
350.7
Moyenne matchs joués avec l'équipe en 1ère ronde
234.4
251.5
177.1
Rang moyen de repêchage
14.4
10.8
16.7
Choix top-5
3
5
3
Succès après la première ronde
14
4
6

La position moyenne au repêchage mérite qu’on s’y attarde, car pour le Canadien, il s’agit d’un sous-produit de la sélection de Carey Price au tout début de cette période, avec le 5e choix au total. Price était à la fois la meilleure chance qu’avait le Canadien de remporter la Coupe Stanley, grâce à sa capacité à voler une série éliminatoire, et son plus grand préjudice parce qu’il a fait en sorte que le Canadien a très souvent repêché entre 10 et 20, sinon plus loin. Price a permis à des équipes mal construites de se hisser au milieu du classement et à de bonnes équipes d’atteindre le milieu de la vingtaine au repêchage.

Le noyau de l’Avalanche, composé de Gabriel Landeskog, Nathan MacKinnon et Cale Makar, a été repêché parmi les cinq premiers, tandis que Mikko Rantanen a été une excellente prise au 10e rang. Le Lightning a lui aussi recruté Steven Stamkos et Victor Hedman dans le top 2 deux années de suite, mais ses choix en dehors de la première ronde ont été extraordinaires. Alex Killorn, Nikita Kucherov, Ondrej Palat, Brayden Point et Anthony Cirelli figurent parmi les 14 choix du Lightning en dehors du premier tour au cours de cette période.

L’Avalanche a prouvé qu’il n’est pas nécessaire d’être particulièrement performant en matière de choix tardifs si l’on ajoute des vedettes au début du repêchage. Mais le Canadien, lui, a fait la preuve que si vous n’êtes pas en mesure de choisir régulièrement parmi les meilleurs, vous devez absolument dominer cette facette du repêchage, ce qu’il n’a tout simplement pas réussi à faire.

Le fait que ses deux choix parmi les cinq premiers après Price aient été Alex Galchenyuk et Jesperi Kotkaniemi n’a pas aidé, mais cela souligne à quel point le repêchage de l’an dernier et celui auquel on s’apprête à assister sont importants pour l’avenir du Canadien.

La fin de ce cycle incessant de médiocrité qui dure depuis trois décennies viendra probablement d’une amélioration radicale à la table de repêchage.

(Photo principale: Denis Brodeur/NHLI via Getty Images)

Get all-access to exclusive stories.

Subscribe to The Athletic for in-depth coverage of your favorite players, teams, leagues and clubs. Try a week on us.