Le début des séries a révélé de nouvelles cibles potentielles pour le Canadien

Apr 5, 2022; Pittsburgh, Pennsylvania, USA;  Colorado Avalanche center Alex Newhook (18) moves the puck up ice against the Pittsburgh Penguins during the first period at PPG Paints Arena. Mandatory Credit: Charles LeClaire-USA TODAY Sports
By Marc Antoine Godin
May 8, 2023

On entend depuis quelques jours, dans les bilans que font les dirigeants d’équipes éliminées au premier tour des séries éliminatoires, la volonté de ces organisations de tirer des leçons de leur revers hâtif et de procéder à certains changements. Ces équipes avaient sûrement toutes de plus grandes ambitions que de s’incliner en première ronde, et les contre-performances de certains joueurs pourraient les inviter à revoir ceux avec qui elles veulent vraiment continuer.

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Du même coup, les résultats de la première ronde ont peut-être révélé de nouvelles opportunités pour le Canadien, que ce soit pour réaliser des transactions semblables à celles de l’été dernier ou pour trouver une nouvelle destination à Joel Edmundson.

Le CH n’a pas beaucoup d’actifs attrayants au sein de sa formation actuelle, et améliorer sa situation en faisant l’acquisition d’un joueur d’impact ne sera pas aisé. Il y a bien le dossier Pierre-Luc Dubois qui a été largement débattu, mais les occasions de dénicher un attaquant top-6 ou un défenseur top-4 seront plus rares cet été.

Mais un peu à l’image de l’été dernier, le DG Kent Hughes a deux avenues de prédilection pour ajouter à sa banque d’atouts. La première serait de mettre la main sur un jeune joueur dévalué par sa propre équipe que le Tricolore pourrait obtenir à un prix intéressant et qu’il tenterait le relancer. Autrement dit, une transaction à la Kirby Dach.

La seconde avenue serait d’utiliser l’espace qu’il aura à sa disposition sous le plafond salarial pour aller chercher un mauvais contrat et, pour avoir ôté une épine du pied d’une autre équipe, un atout intéressant sous la forme d’un jeune joueur ou d’un choix au repêchage. Autrement dit, une transaction à la Sean Monahan.

Lors d’un récent texte qui mettait la table pour l’entre-saison du Canadien, nous avons entre autres évoqué le nom du défenseur Tyler Myers, des Canucks de Vancouver, qui selon nous pourrait servir les objectifs des deux équipes. Mais on parle ici d’une équipe qui n’a pas participé aux séries. Qu’en est-il de celles qui se remettent d’une élimination prématurée ?

Penchons-nous sur cinq joueurs dont il pourrait être question pour un échange à la Kirby Dach ou à la Sean Monahan, en plus de voir, parmi les équipes sorties au premier tour, lesquelles pourraient être intéressées à Edmundson.

Alex Newhook

Nous avions évoqué son nom dans notre mise en place de l’entre-saison comme étant l’un des seuls joueurs qui pouvait vraiment correspondre cet été à l’idée d’un échange « à la Kirby Dach ». Depuis ce temps, ses courtes séries avec l’Avalanche n’ont rien fait pour emballer ses patrons. Le centre de 22 ans n’a joué en moyenne que 9 :15 par match et n’a récolté qu’une mention d’aide en sept rencontres.

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Notre observation initiale était que l’Avalanche, déjà vulnérable au centre, allait sûrement hésiter à s’en défaire étant donné que J.T. Compher et Lars Eller s’apprêtent à devenir joueurs autonomes. Au mieux Newhook prendrait le poste de troisième centre, mais si Compher n’est pas de retour, cela demeurera le principal trou à combler.

Si l’on reprend le modèle d’un échange « à la Kirby Dach », la négociation d’un nouveau contrat est un bon moment pour faire une transaction car l’équipe qui détient le jeune joueur est forcée de se poser de sérieuses questions par rapport au rôle qu’elle envisage pour lui. Tout dépend ici du niveau de confiance que l’Avalanche continue d’avoir envers Newhook. Si elle ne le croit pas capable de s’imposer maintenant dans un rôle top-6, il faut quand même qu’elle le croit capable d’y arriver un jour.

Le joueur originaire de Terre-Neuve, que le Colorado avait repêché en 2019 tout juste après que le Tricolore eut réclamé Cole Caufield au 15e rang, pourrait s’avérer utile à l’aile si la situation au centre se développe autrement chez le Canadien. Newhook est un patineur explosif qui a quand même marqué 13 et 14 buts à ses deux premières saisons et qui pourrait donner un coup de main sur le top-9 si le Canadien le croit capable de l’aider à élever son jeu comme il a pu le faire avec Dach.

Notons par ailleurs que Newhook connaît très bien Kent Hughes puisqu’il est l’un des meilleurs amis de ses fils.

Au rythme où vont les choses, il se peut que le choix de première ronde que détient le Canadien en provenance de la Floride ne soit plus le 17e au total, mais qu’il dégringole entre les 29e et 32e rangs. Serait-ce suffisant pour que l’Avalanche considère cette option? L’Avalanche a très peu de choix au repêchage dans sa banque et qui sait si elle n’utilisera pas le premier choix qu’elle a encore à sa disposition pour mettre la main sur le deuxième centre tant convoité. Mais avec des réserves aussi décimées, même un 29e ou un 32e choix pourrait avoir plus de valeur qu’aux yeux d’une équipe riche en choix.

(Bruce Bennett/Getty Images)

Alexis Lafrenière

Il faut bien parler de lui puisque son nom circule beaucoup depuis quelques jours. Or, on vous avertit, ce ne sera pas pour promouvoir son nom dans un scénario à la Kirby Dach, mais davantage pour dégonfler la balloune de certains enthousiastes.

Lafrenière était un premier choix consensuel l’année de son repêchage (2020) et il a encore la chance de devenir le joueur que les Rangers de New York voyaient en lui. Après une frustrante élimination au premier tour, les Blue Shirts constatent qu’ils sont commis auprès de plusieurs vétérans que le contrat rend difficile à déplacer, de sorte que les plus jeunes joueurs sont actuellement ciblés comme une façon par laquelle les Rangers pourraient se renflouer en vue de la saison prochaine.

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Si les Rangers considéraient échanger Lafrenière, on présume que ce serait contre de l’aide immédiate. Leur formation est bâtie pour gagner maintenant, et se départir d’un joueur qui a encore des chances d’exploser la saison prochaine en retour d’actifs futurs ne les avancerait guère. Le Canadien a-t-il au sein même de sa formation des munitions qui intéresseraient les Rangers dans une transaction impliquant Lafrenière, des joueurs de qualité mais qui ne gagnent pas cher ? Pas vraiment.

À l’instar des autres joueurs de la présente liste, Lafrenière joue pour une équipe qui cherche de l’espace sous le plafond salarial pour signer tous les joueurs qu’elle espère retenir ou attirer. Lafrenière arrive lui-même au terme de son premier contrat professionnel, il doit négocier une nouvelle entente, et s’il faut se fier aux contrats de transition signés par Filip Chytil et Kaapo Kakko auparavant, il y a peut-être un pacte de deux ans à un peu plus de 2 millions $ par année qui l’attend. L’espoir que Lafrenière vive une éclosion et devienne une aubaine à ce prix-là est la seule consolation possible pour les Rangers au moment de signer des hauts choix de repêchage qui n’ont pas produit à la hauteur des espérances à leurs premières saisons.

Du point de vue du Canadien, les risques sont nombreux. Le coût d’acquisition serait probablement plus élevé pour le CH que pour n’importe quelle autre formation. Lafrenière arriverait à Montréal avec les attentes énormes d’un ancien premier choix au total sur les épaules, ce qui pourrait vite s’avérer extrêmement lourd. Imaginez la pression sur un jeune talent local qui n’a pas encore fait sa marque quand on voit que Dubois, en dépit de trois saisons de 60 points avant l’âge de 25 ans, n’est même pas souhaité par une certaine frange des partisans!

Si les Rangers sont disposés à échanger un de leurs jeunes afin d’investir tout leur argent sur des joueurs établis, je regarderais davantage du côté de Kakko. La possibilité qu’il s’établisse comme un véritable ailier de premier trio n’a pas disparu. Malgré des statistiques offensives similaires à celles de Lafrenière, le gros ailier a amélioré son jeu d’ensemble au fil des ans, ce qui est aussi la raison pour laquelle les Rangers risquent d’être plus hésitants à s’en départir.

Mais qu’il s’agisse de Lafrenière ou de Kakko, un même irritant persiste, et c’est la présence de l’ancien DG des Rangers à la tête du Canadien. Lorsque le CH a considéré l’acquisition de Vitali Kravtsov, il aurait eu l’impression que les Rangers étaient réticents à faire affaire avec Jeff Gorton, celui-là même qui avait repêché Kravtsov. C’est également lui qui a repêché Kakko. Peut-être doit-il couler un peu plus d’eau sous les ponts avant que les ponts, justement, ne soient complètement rétablis entre les deux organisations.

Les Rangers commencent vraisemblablement à déchanter par rapport à Lafrenière, et peut-être voient-ils en lui un moyen d’aller chercher de l’aide immédiate. Fort bien. Cela pourrait constituer une bonne opportunité pour une autre équipe. Mais pour le Canadien, ça ressemble davantage à un champ de mines.

(Bruce Bennett/Getty Images)

Josh Bailey

L’attaquant de 33 ans a joué plus de 1000 matchs dans l’uniforme des Islanders de New York depuis son arrivée dans la LNH en 2008, mais c’est manifestement la fin de son séjour dans Long Island après qu’il eut été laissé de côté durant les six matchs de séries.

Bailey est encore sous contrat pour une autre saison avec 5 millions $ collés à la masse salariale. C’est beaucoup d’argent pour un joueur qu’on ne veut plus faire jouer. Il risque quand même d’y avoir une équipe comme les Coyotes de l’Arizona pour prendre son contrat, car son salaire en dollars réels ne sera que de 3,5 millions $ l’an prochain. Les deux organisations ont déjà fait affaire par le passé en s’échangeant le contrat d’Andrew Ladd. Mais rien n’empêche le Canadien de s’interposer et d’accepter de traîner Bailey pendant un an si cela signifie qu’il peut mettre la main sur un actif intéressant.

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Le problème, c’est que les bons actifs futurs sont difficiles à trouver dans l’organisation des Islanders. Ils n’ont pas une tonne d’espoirs de qualité dans leur pépinière, et on ne les voit pas se départir de William Dufour dans ces conditions. Ils ont certes un intrigant attaquant de puissance en Finlande du nom d’Eetu Liukas et ils viennent d’offrir un contrat d’entrée à Tristan Lennox, du Spirit de Saginaw, qui est finaliste au titre de gardien de l’année dans la Ligue de l’Ontario, mais il ne s’agirait pas de retours suffisants pour un contrat aussi lourd que celui de Bailey.

Les Islanders sont également assez déplumés en matière de choix au repêchage, à moins que le Canadien ne s’aventure au-delà du repêchage de cette année. Ce serait probablement sa meilleure option. Regarder deux ans en avant, à un moment où les Islanders pourraient avoir plus de difficulté à participer aux séries, ne serait pas un mauvais investissement.

Sean Walker

Les Kings de Los Angeles gèrent un surplus en défense depuis un bon moment déjà, mais les jeunes Brandt Clarke et Jordan Spence cognent à la porte et les Kings devront leur faire de la place la saison prochaine. Parmi les joueurs en trop, il semble y avoir le vétéran Sean Walker, à qui il reste un an de contrat à 2,65 millions $.

Walker a été laissé de côté lors des quatre premiers matchs face aux Oilers d’Edmonton et il n’a jamais aussi peu joué en saison régulière que cette année. Le défenseur droitier de 28 ans semblait sur le point de prendre son élan il y a quelques années, mais les blessures l’ont ralenti. Il demeurerait néanmoins une amélioration par rapport à Chris Wideman sur le flanc droit et un joueur que le CH pourrait refiler à une autre équipe à la date limite des transactions.

Les Kings ont quelques négociations de contrats à régler et n’ont pas tant d’argent à dépenser, de sorte que se défaire du contrat de Walker leur serait grandement utile. En même temps, le montant n’étant pas aussi significatif que celui de Bailey, par exemple, on ne peut pas non plus s’attendre à mer et monde. Le grand défenseur Helge Grans serait une cible intéressante pour le Canadien, mais il faudrait que ce soit dans une transaction de plus grande ampleur.

Alex Goligoski

Le vétéran défenseur était un producteur de points dans une autre vie, mais il arrive en fin de parcours. Le Wild du Minnesota l’a laissé de côté dans 36 matchs cette saison et Goligoski n’a pas joué en séries non plus. Il possède une clause de non-mouvement, mais il serait peut-être prêt à la lever s’il avait l’occasion de jouer plus souvent ailleurs. Et même s’il est gaucher, l’arrière de 37 ans a souvent joué à droite au cours de sa carrière et lui aussi rendrait de meilleurs services au Canadien dans son territoire que le fait Wideman.

Il reste encore une autre saison au contrat de Goligoski lui rapportant 2 millions $ par saison. Ce n’est pas beaucoup d’argent à déplacer, certes, sauf que le Wild est pris dans un casse-tête de tous les diables en raison de l’entrée en vigueur des pénalités liées aux rachats de Zach Parise et Ryan Suter. Ils doivent libérer de l’argent et ils ne veulent pas s’affaiblir, ce qui leur laisse bien peu de candidats à considérer.

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Il s’agirait d’un échange mineur, mais ce serait probablement une façon facile pour le Canadien d’ajouter un actif aux dépens d’un rival pris à la gorge.

Des destinations pour Joel Edmundson

La première ronde des séries éliminatoires a par ailleurs mis en évidence la vulnérabilité de certaines brigades défensives qui pourraient voir en Joel Edmundson un ajout à court terme susceptible de les aider le printemps prochain.

On pense entre autres au Lightning de Tampa Bay dont la profondeur à la ligne bleue a été mise à rude épreuve après les blessures à Victor Hedman et Erik Cernak. On le serait à moins. Si Tampa a l’un des meilleurs top-4 de la LNH, il manque rapidement de ressources. Ian Cole pourrait quitter sur le marché des joueurs autonomes cet été et, à moins que le Lightning se tourne vers de jeunes arrières, il pourrait demander au CH d’absorber la moitié du salaire d’Edmundson et d’ainsi remplacer Cole à un prix plus modique.

On vous parlait plus tôt du surplus de défenseurs à Los Angeles. Il est vrai que plusieurs jeunes cognent à la porte, mais les Kings ont également besoin de joueurs capables de relancer leur infériorité numérique. Avant même qu’ils n’accordent neuf buts en 16 occasions au jeu de puissance dévastateur des Oilers, ils s’étaient présentés en séries avec la pire unité d’infériorité numérique parmi toutes les équipes qualifiées. Mais encore faut-il qu’Edmundson soit perçu comme une solution à court d’un homme, car après avoir affiché une bonne moyenne de 8,42 buts contre par 60 minutes d’infériorité à ses deux premières saisons à Montréal, ce chiffre a plongé à 11,26 BC/60 cette saison, ce qui est peu rassurant.

Chez les Islanders, Edmundson peut devenir une option – encore là, en retenant la moitié de son salaire – si Lou Lamoriello ne parvient pas à s’entendre avec Scott Mayfield. Vous donnez Edmundson pour la moitié de son prix et prenez le contrat de Bailey, vous devriez pouvoir être capable d’aller chercher quelque chose de bien.

(Photo d’Alex Newhook: Charles LeClaire/USA Today)

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